Lacassagne et le renouveau de la médecine légale

Plusieurs vitrines rendent hommage aux travaux d’ Alexandre Lacassagne, professeur de médecine légale, qui rassembla au fur et à mesure des expertises judiciaires qui lui étaient confiées de nombreuses pièces anatomiques et autres témoignages d’affaires médico-judiciaires célèbres du début du XXe siècle, dans la région lyonnaise.
L’ « affaire de la malle à Gouffé » est de celles-là : il s’agit d’un crime crapuleux dans le Paris de la Belle Époque. La disparition d’un bourgeois fortuné enclin aux aventures faciles, la découverte d’une malle contenant des débris humains putréfiés… et surtout l’un des premiers triomphes de la criminologie, dont Lombroso (à Turin) et Lacassagne (à Lyon) sont les pères. Ce dernier, grâce à des comparaisons d’os (taille, caractères, etc.) parvient à identifier le sexe, l’âge (50 ans), la taille (1,785 mètre) et les caractéristiques de la victime (légère claudication de la jambe gauche, et une tuberculose pendant l’enfance), à partir des morceaux tirés de la malle. Tout ceci s’est avéré exact ! Après de nombreuses péripéties, le commissaire Goron découvre que le crime est l’œuvre d’une prostituée, Gabrielle, et de son amant. Celle-ci tente bien de plaider l’irresponsabilité (elle aurait été hypnotisée par son complice, ce que le grand psychiatre parisien Charcot dément). Elle s’en sort toutefois avec vingt ans de travaux forcés, au lieu de la guillotine.
Une vitrine est consacrée aux coups et blessures ; il s’agit de spécimens de peau humaine ou de crânes présentant des blessures par objets piquants, contondants, tranchants ou par armes à feu. On y trouves des instruments tranchants utilisés à l’occasion de suicides ou de crimes, ainsi qu’une collection de balistique et des instruments liés à l’identification et aux travaux d’Alphonse Bertillon père de l’anthropométrie judiciaire.
Les peaux naturalisées de la tête de Seringer et Dumollard et le squelette de Paul Badin, guillotinés au siècle dernier, évoquent la guillotine, châtiment appliqué en France jusqu’en 1981. Le docteur Claire Desbois, responsable scientifique de cette section, a utilisé le crâne de Dumollard pour mettre au point, avec la collaboration des docteurs Mallet et Perrot, une technique de reconstitution faciale, utilisée dans le cadre des identifications médico-légales.
Gall et la phrénologie
Une vitrine est consacrée à la collection léguée par Fleury Imbert, époux en secondes noces de la veuve de Gall et membre de la Société de médecine.
Franz-Joseph Gall (1758-1828), d’origine allemande, exerce à Paris où il publie, en 1820, son ouvrage majeur : « Anatomie et physiologie du système nerveux en général et du cerveau en particulier avec des observations sur la possibilité de reconnaître plusieurs dispositions intellectuelles et morales de l’homme et des animaux par la configuration de leur tête ».
Sa théorie, encore célèbre aujourd’hui avec l’expression « avoir la bosse des maths », stipule que les fonctions cérébrales sont situées dans des régions précises du cerveau. Or le développement du cerveau influe sur la forme du crâne : gaieté, causalité, bienveillance, etc. peuvent donc être inscrits sur la « carte » qui apparaît sur le crâne phrénologique de Gall.

Certes la phrénologie est une erreur dans son ensemble, mais la contribution de Gall à la physiologie nerveuse a été de premier ordre. Aujourd’hui, les techniques d’imagerie par résonance magnétique nucléaire ont confirmé son intuition première : le cerveau est constitué de zones fonctionnelles (centres de la parole, de la vue, etc.).